mardi 8 novembre 2011

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                                                      Conte
C’était un  soir de brise légère et de crépuscule bleu
J’ouvris la croisée de ma fenêtre qui donne sur le jardin.
Tout à coup sortant de ma rêverie, j’entendis comme un grand remue ménage vers le coin du mur où l’on dissimule la poubelle sous le gros laurier.
 Ah! me dis-je, les chats sont encore à tout bouleverser. Si c’est le gros noir du voisin, je vais lui faire voir de quel bois je me chauffe.
 Je descendis à pas feutrés, poussai la porte tout doucement, et là, quel étonnement, tout une troupe d’êtres les plus divers s’échappaient du couvercle à peine entrouvert de la poubelle.
Saisie de stupeur,  je restai sans voix puis mes yeux s’habituant à la pénombre, je les reconnus fort bien. Il y avait là tous les personnages de la publicité bondissant de tous les papiers qui encombrent nos boîtes aux lettres et qu’on jette aussitôt sans les lire. Ils n’étaient pas contents gesticulant et menaçant ils brandissaient, des pancartes, des enseignes fluorescentes,   des lettres de feu.
Je me frottai les yeux : réveille toi…ton esprit est fatigué et bat la campagne.
 Je fis quelques pas dehors, respirai un grand coup. Ouvre les yeux  tu rêves !
 Mais plus je les ouvrais, plus j’étais éberluée.
Ils s’étaient maintenant assemblés tout au fond du jardin. Le petit personnage Minidoux, avec ses petites pattes crochues grimpait le long des branchages, le camembert président agitait des rubans de senteurs ….et la femme de l’eau Perrier crachait des jets de bulles au nez du lion rugissant.
Je voulus m’enfuir, mais c’était plus fort que moi j’étais fascinée. Les jambes un peu molles, je m’approchai de la porte qui donne sur la rue. Effrayante vision ! Il en sortait de partout, il en venait de toutes les autres poubelles du quartier, il en venait des murs de la ville, du fond des caves, il en sortaient par les fenêtres, des écrans de télévision, certains bavaient encore d’encre fraîche, d’autres étaient tout souillés de l’eau des caniveaux où ils avaient traîné. C’était un étrange spectacle. On voyait un placard publicitaire essayant de redevenir un arbre dont les feuilles n’étaient que tranches de gruyère et de la source de Volvic s’écoulait du goudron. Sur une pile de cartons une étrange créature aux cheveux électriques envoyait des rayons laser
 C’était à la fois grandiose et terrifiant.
 Alors l’étrange créature tout en haut de sa pile de cartons parla :
«  Mort à l’homme qui nous créa pour devenir poussière »

Seul un joli enfant, son petit derrière sur un pot - vous savez celui qui caresse de sa main le joli papier toilette si doux si doux -  fit un geste de l’autre main  et tout disparut dans les airs.

 Le lendemain  quand je suis revenue au jardin il n’y  avait plus qu’un un gros tas de cendres où brillaient les yeux de  porcelaine de ma  poupée d’enfant
                                                                                                      
                                                                                 M.L. 20 nov. 2010

mercredi 2 novembre 2011

Symétrie

                   

Dans le hall luisant d’un hôpital privé
Deux humains  ont  tout à l’heure stoppé

Egarés en ces lieux où se faire un chemin
Qui soit plus doux que celui  du destin.

Pareils tous les deux,  le temps n’importe pas
Venus seulement s’aider à bien franchir le pas

L’un qui va partir et l’autre qui retient
Son souffle  s’épuisant à lui tenir la main

Ainsi  allons- nous   tout au long de la chaîne
Serrés l’un contre l’autre tant que dure l’haleine

Qui  de vous deux aura plus grande peine
A finir le chemin où continuer l’antienne

Et je songeais, les voyant s’avancer :
Qui prendra soin de vous mes enfants  bien aimés

Pour aller sous la terre,  tranquilles reposer
Quand ne serai plus là pour vous accompagner.


                                                Le Blanc  Mesnil   20 juillet 2010.
                                                                                          M.L.

mercredi 26 octobre 2011

Rêve


 Comment ça va dans ta tête ??

Réveillée tard… dormi beaucoup… Merci ma tête

 Tu as fait un peu de ménage, retiré les trous noirs, rencontré en rêve deux inconnues dont une infirmière…avec des nourritures de secours dans une valise, rangé le canon du revolver   qui sommeille dans un coin pour en cas de besoin du désespoir….

 Commencé dans cette tête un roman, un roman de gare, ces gares d’aujourd’hui,   ça pourrait s’appeler un amour de blog   ceux qui ne se finissent pas toujours bien….

Ah ces amours  virtuels en quête d’amour ! 
                                                                                M.L.2008


mercredi 28 septembre 2011

         LE TEMPS

Le temps  s’est déguisé en fleur
Laissant petite graine pour le printemps suivant
La roue du temps des printemps

Le temps qui s'impatiente rameute ses grelots,
Fait trépigner l'enfant et sonner le coucou
 Le temps d'un instant fou

Le temps se perd aux portes refermées
De la glace et du vent pour quelque sous d'argent
Le temps que l’on attend

Le temps s'étire comme  fil sans fin
Sur pelote échappée de nos doigts exigeants
Le temps qui sépare des amants

Vient un temps gribouilleur d'avenir
Qui se fait désirer puis vous plonge au néant
D'où renaîtra   le temps d'un rire d'enfant

 La mer  recommencée;  le sillon dans les champs 
 La rencontre imprévue filant au firmament
 Y implanter l'espoir, l'espoir d'un autre temps.

M.L. 2006

lundi 26 septembre 2011

SUR LA ROUTE.


Quand les enfants s’en vont
Les mères n’ont rien à dire
Et plus grand-chose à faire
S’étonner cependant
Absurdement.
Quand il n’y a rien d’étonnant
Rien n’étonne les enfants
Ils vont devant
Les autres sont derrière.

Et la route s’étire à ne plus voir
Devant. A ne plus voir derrière.

 
La marche se raidit
L’air épais estompe les couleurs,
On rit, on pleure on grignote des dents
On repeint la façade, on fait signe à travers

Et ça leur fait tout simple à nos enfants
Tout gentiment : ils sont bien nos parents.

Ils vont par les chemins, traversent les frontières
A petits pas souriants.

Puis ils dorment longtemps. Parfois dans leur sommeil
Leur vient un rêve de lumière,
Ils crient, ils crient :
Attendez-moi, attendez-moi,
J’n’en ai pas pour longtemps.

                                                                                     M.L. 1994. 

samedi 17 septembre 2011

Rencontre

Je revenais distraite, le pas indifférent,
Laissant mes yeux au vague et ma pensée au vent
Il est de jolies choses parfois sur le chemin....
Une boule de gui en les mains d'un gamin…

Dans ce rayon d'hiver, j'allais passer ravie
Mais le môme ayant lu dans mes yeux quelque envie
- Ô douce surprise-me tendit un rameau
Puis s'envola joyeux comme eût fait un moineau

Ô que je voudrais que parfois en chemin
Chacun tout comme moi, rencontre ce gamin.

           M.L.    Déc.. 2010

                               

mercredi 14 septembre 2011

Poème pour tous et pour ma jacinthe






Des monts et merveilles, des mots et merveille,Des maux et merveilles
Merveilles des merveilles.L’ amer veille  tout au fond d’ ma mer
L’amer  de nos maux
Remplissant  tonneau damné, tonneau  Danaïdes
L’hydre  de nos défauts cachés bien au chaud.

Une fleur timide hausse son chapeau 
 Et ça m’intimide comme un chant nouveau
Le même que ma mère
Sortait des roseaux
Pour faire une barque à lancer sur l’eau
Bateau de papier ou voilure d’acier  
C’est toujours le même   ce petit oiseau
Qui vient se percher
Sur l’espoir nouveau

  ML  Déc 2006

samedi 10 septembre 2011

La grande marguerite des champs

                  Elle était née un jour dans une grande prairie. Elle n’était pas laide du tout, pas d’une spéciale beauté non plus, pas avec ce teint de transparence qu’on voit à la chair des roses dans la première lueur du matin. Entourée de hautes herbes vigoureuses, solidement ancrée dans la terre nourricière par une longue racine, elle n’était pas fragile non plus.

Elle regrettait seulement de ne pouvoir voyager, mais l’hirondelle qui venait d’arriver lui dit combien c’était fatigant et plein de dangers.
 Elle aurait bien voulu savoir chanter comme le vent, mais le grillon lui dit que la pluie abat grand vent et qu’il pleure bien souvent.
 Elle aurait bien voulu épouser le coquelicot.Il n’était pas de son monde, fier et éphémère il disparut sitôt venu.

De tout petits moucherons venaient parfois jouer autour de sa corolle et leurs arabesques si jolies la distrayaient un instant.
Un jour un gros bourdon doré vint lui rendre visite. Riche et somptueux, elle succomba à son charme mais quel fardeau pour son mince pétiole ! Elle fit ce qu’elle put pour ne pas se courber dangereusement.  Pourquoi n’était-elle pas forte et opulente comme la grosse fleur de pissenlit qu’il lui préféra ? . .
 C’est alors qu’un joli papillon la frôla d’un geste amoureux. Quel bonheur ! Quelle délicatesse que ses pattes de velours ! Elle lui offrit un peu de son pollen.

Quand il eut bien pillé son nectar, ses réserves d’eau et de miel,il s'en alla sans un adieu.

vendredi 9 septembre 2011

L’ECOLE en devenir

                                                  
                      
La récréation est terminée
Les grands érables ont pleuré
Toutes leurs feuilles arrachées
 Par le grand vent qui s’est levé.
Petits enfants il faut rentrer.
La salle est là  où sont rangés
Tous les savoirs de tes aînés.

Vous mes petits selon la norme
Le dos courbé,  faut recopier.  
Malgré la flamme qui s’allume
Les  mots d’amour, des mots de paix,
Chacun emporte son secret.
Toujours au fond de l’encrier.………………
Reste une mouche qui s’est noyée

Rien ne pourra se partager
Ni la lumière d’une pomme
Ni le luisant d’une étincelle
La vie, les sous, le miel
Ni l’art et la pensée
Ni l’art d’aimer.
Récréation est terminée.
La rose bientôt sera  fanée

Quand les marchands du temple
Auront gagné.

mercredi 7 septembre 2011

SURREEL.


L’usure des jours, l’usure du temps.
L’usure des pensées.
La mise à jour, la mise à nu...

Sous la couche pensante des concrètes années,
Sous la bande d’usure de nos cerveaux anciens,
Surchauffée, engorgée, truffée de boursouflures.
Parasitée et pour finir nécrosée,

Vit le suc résiduel, vierge de ce
Qui n’est pas venu au jour,
N’est pas venu au clair,
Vierge de toute raison,
De toute connaissance, de claire sensation.

Ça ressemble à l’enfant dont l’âme n’est pas née,
Ça ressemble au trésor des vérités cachées
Et ça fait quelquefois une grande flambée
Jaillie d’une étincelle qui perce du Néant
Les impasses sacrées.

 M.L 2009